Les terroirs
En matière de vigne on ne définit un terroir que parce qu’il tend à produire naturellement des vins au caractère marqué, qui procurent un plaisir gustatif et des émotions. Sinon il n’a pas d’intérêt particulier.
C’est ce qu’on pourrait appeler un terroir évident, où le travail de l’homme consisterait simplement à planter de la vigne, en récolter les fruits et en faire fermenter le jus.
Dans l’absolu, ce jus est la signature de l’endroit qui l’a nourri, du lieu où il est né.
C’est le Lieu qui est important, la vigne étant le vecteur qui exprime son caractère. Terroir vigne et millésime écrivent une partition, chaque année différente, que les vignerons que nous sommes, un peu à la façon d’un musicien ou chef d’orchestre, interprètent au plus près de l’écriture originelle, Saint Georges d’Orques est un de ces terroirs évidents où la vigne, depuis toujours produit des vins remarquables et remarqués.
Ce Cru s’organise en deux zones distinctes et trois familles de sols. Nous sommes probablement les seuls à avoir des vignes sur chacune d’entre elles.
LES CALCAIRES JURASSIQUES
Au Nord et à l’Ouest du village, on trouve un relief collinaire qui s’élève à 160m d’altitude, fait de vallons et de versants par endroit très escarpés, offrant une multitude d’expositions différentes. Les calcaires jurassiques (Bajocien-Aalénien-Oligocène) qui le composent présentent des brèches et strates très fissurées à pendage incliné. Les racines peuvent y plonger à grande profondeur trouvant ainsi l’eau nécessaire à la vigne. Elle produit un vin brillant à la couleur profonde. Dans sa jeunesse, le nez évoque d’abord la garrigue et le laurier pour évoluer vers le fruit, dont les arômes se développent avec le temps. Le vin, bouqueté et séveux, présente une belle générosité équilibrée par un profil ferme et droit dû à des tanins au grain très fin.
Calcaire du jurrassic
Calcaire à chailles
LES CALCAIRES A CHAILLES
Au cœur de cet étage jurassique, on identifie plusieurs « lentilles » de calcaires à chailles (rognons de silex). Ce sol très pierreux, en raison de sa nature siliceuse, a fixé les oxydes de fer qui lui donnent une coloration rouge.
C’est là sans doute le sol donnant les plus grands vins de St Georges d’Orques, profonds, racés, complexes, de longue garde. Parfois un peu austères dans leur jeunesse, ils évoluent lentement, longtemps en beauté. Les robes gardent leur tonicité et des reflets bleus pendant une dizaine d’année. Le style des vins n’est pas sans rappeler une allure bourguignonne : fin et dense, ferme et charnu, corsé et raffiné, complexe et élégant, riche et frais, juteux et savoureux.
LES CAILLOUTIS VILLAFRANCHIEN
Ces collines prennent appui sur une profonde couche de marnes argileuses (Helvetien), recouvertes au Sud du village par un vaste manteau caillouteux de galets roulés, argilo-siliceux. On y retrouve, les oxydes de fer qui parent le sol d’un superbe rouge brun très dense. Ce plateau de cailloutis Villafranchien (nom de la couche géologique) faiblement vallonné, incliné du Nord au Sud, d’un épaisseur moyenne inférieure à 10 mètres, surplombe d’une trentaine de mètres de dénivelé les ruisseaux et rivières qui ont creusé leur lit de chaque côté. Posé sur un important substrat de marnes sa position surélevée lui assure un drainage idéal. En été, les marnes, gonflées d’eau par les pluies hivernales et les écoulements des zones calcaires plus hautes, agissent comme une éponge : elles assurent aux racines de la vigne une alimentation en eau permanente et rationnée. Sur ce sol pierreux, point d’excès d’eau ni de stress hydrique. La vigne s’y sent bien et nous le fait savoir par des jus au fruit incomparable, généreux et solaires, équilibrés par une remarquable acidité naturelle. Les tanins soyeux sont dotés d’une grande finesse. D’un style différent, les vins y sont d’un niveau comparable à celui des Chailles, plus faciles à appréhender dans leur jeunesse.
Cailloutis Villafranchien
Notre réelle ambition est d’être à la hauteur de cet illustre terroir et ne pas le trahir par une technologie envahissante.
Trouver l’équilibre entre la complexité et le naturel, préserver la pureté et la profusion des arômes, élaborer de grands vins de table qui vont s’accorder et fusionner avec les cuisines simples ou raffinées, pour le plaisir des amateurs et des épicuriens.
Faire des vins d’émotion, et non de démonstration, qui racontent une histoire qui n’appartient qu’à eux, celle du lieu où ils sont nés.